Je vais aborder aujourd’hui un sujet qui a l’air très simple mais qui est en fait extrêmement difficile à réaliser: c’est l’obtention de feedback lors du test d’une idée.
Pourquoi est-ce si difficile ?
Parce que cela repose sur un état d’esprit qui est à l’opposé de celui que nous avons intégré. Nous avons appris depuis notre enfance, notamment par notre éducation parentale et scolaire, que lorsque nous ne savions pas quelque chose, ou avions mal fait quelque chose, nous recevions des remarques négatives et, globalement, nous en avons retenu la gêne, voire la honte.
Nous avons donc appris à éviter de prendre des risques et à camoufler ce que nous ne savions pas ou ce que nous avions raté…
Comment cela se passe t-il généralement lors du test d’une idée?
A chaque fois que la personne qui teste nous apporte un élément « négatif », même si nous savons pertinemment que c’est ici essentiel de l’entendre pour améliorer notre idée, le naturel revient au galop…. parce que nous avons travaillé longuement sur notre idée, parce que nous sommes malgré nous « tombé amoureux » de notre idée, parce que cela nous gêne, nous blesse, voire nous fait honte, d’entendre quelque chose de négatif sur notre travail, nous avons avoir une fâcheuse tendance à nous détacher de notre guide de questions et à dire bien malgré nous « Oui mais » et à nous justifier en expliquant pour quelles raisons nous avons jugé bon de faire de la sorte et pire, à essayer de convaincre la personne du bien fondé de notre idée…
Et il y a fort à parier que la personne qui teste et qui essayait de partager son point de vue arrête soudainement de nous éclairer…
Alors que faire?
L’exercice, durant cette phase de test, est de vraiment décider de mettre son égo de côté pour ne pas venir polluer notre questionnement alors que nous l’avions si bien préparé en amont… Moi-même, je constate qu’après de nombreuses années de pratique, c’est toujours très difficile de lutter contre mon réflexe naturel qui est d’expliquer et de défendre mon point de vue, ce que j’ai voulu faire, etc. plutôt que d’être pleinement à l’écoute. Je m’aide en activant avec une petite voix dans ma tête qui me dit « Ne le prends pas contre toi, ne te cherche pas des excuses, pose des questions et écoute au lieu de vouloir expliquer, ne perds pas de vue la finalité: en tirer des enseignements constructifs. »
Et dorénavant, pour mieux parvenir à mettre mon ego de côté, j’imagine même que je me dissocie de lui, que je le laisse dans la pièce à côté le temps du test, pour être plus apte à recevoir tout ce qu’il est pertinent de recevoir. Et c’est vraiment aidant! Avec de la prise de conscience et de la pratique, on observe un réel changement. Raison pour laquelle je vous partage ma petite astuce!
Avons-nous tous autant de difficultés à recueillir du feedback négatif ?
Pour avoir côtoyé de très nombreux designers, j’ai pu constater qu’ils ont beaucoup plus de facilités à laisser leur ego de côté pour être dans cet état d’esprit d’écoute attentive et d’intégration des feedbacks négatifs. Ils ne semblent pas être affectés.
Et si nous avions tous eu cet état d’esprit et que nous devions juste apprendre à le retrouver?
Je pense profondément que les designers ont conservé un état d’esprit que nous avons pour la plupart perdu…
Pourquoi conservé? Parce que ma conviction est que, lorsque nous étions de très jeunes enfants, lorsque nous avons appris à marcher, lorsque nous apprenions à parler, nous avions tous cet état d’esprit.
Nous n’étions pas malheureux si nous n’y parvenions pas. Nous ne le prenions pas contre nous personnellement et même lorsque nous nous faisions mal, nous nous relevions. Nous avions l’enthousiasme, l’espoir et la confiance dans le fait que nous allions y arriver, quoi qu’il nous arrive, quoi qu’on nous dise… et nous apprenions en faisant, à marcher, à parler..
Les designers, comme d’ailleurs toutes les personnes manuelles qui se confrontent à la matière, ont fortement conservé le fait que « se tromper », d’apprendre de ses « erreurs », est inhérent à tout processus d’apprentissage et de création.
A nous tous d’en reprendre conscience et de nous aider par des astuces pour nous remettre sur la voix de l’apprentissage et de la création.
Quels sont vos retours d’expériences? Quelles sont les astuces que vous auriez envie de partager?